Hugues-Marie Duclos / Terra

10 exemples inspirants de collectivités reconnues "Territoires engagés pour la nature"


Publié le 23 juin 2025

Les collectivités locales jouent un rôIe pionnier pour réduire les pressions sur la biodiversité en montrant qu’il est possibIe d’agir. L'Office français de la biodiversité a réalisé une série de 10 vidéos qui témoignent d’actions concrètes menées dans toute la France par des collectivités reconnues "Territoires engagés pour la nature". Ces exemples inspirants offrent des idées pour structurer une politique environnementale ambitieuse et adaptée aux besoins d'un territoire.

Les services de l’Etat se mobilisent aux côtés des collectivités avec les Régions, pour définir collectivement des objectifs et moyens d’agir à la hauteur des enjeux. Le programme "Territoires engagés pour la nature", créé en 2019 et porté par l'Office français de la biodiversité, incarne ce soutien aux collectivités locales. Cet échelon est en effet déterminant pour répondre aux enjeux et aux spécificités de chaque territoire.

L'Office français de la biodiversité a produit une série de dix vidéos de projets de collectivités reconnues "Territoires engagés pour la nature" et donne ainsi à voir des initiatives exemplaires en matière de biodiversité et de développement durable. A travers ces actions, les collectivités locales engagées dans le programme contribuent à l'atteinte des objectifs de la Stratégie nationale biodiversité, en termes de réduction des pressions, de gestion d'aires protégées, de restauration de la nature et aussi de mobilisation des acteurs (entreprise, citoyens, associations).

Protéger les espèces et leurs milieux de vie : l'exemple de l’agglomération CapAtlantique La Baule-Guérande

Visionnez ci-dessous l'exemple de l’agglomération CapAtlantique La Baule-Guérande qui a mis en place un contrat nature en partenariat avec le Conservatoire d’espaces naturels, regroupant un ensemble d’actions financées par différents acteurs publics. La vidéo est aussi accompagnée d'un témoignage d'expert sur le site web de la série.

Les collectivités s’engagent pour leurs espèces patrimoniales

Transcription du média

- Bienvenue à Guérande sur le site de Villejames. Je vais rencontrer Emilie Général avec qui je vais discuter de la biodiversité locale. Bonjour Emilie.

- Bonjour Charlotte.

- Je te dérange en pleine action.

- Non tu tombes bien, je vais te montrer comment on soulève une plaque à reptile.

- Il y a une tête de serpent là.

- Pour voir s'il y a de la vipère péliade dessous.

- De la vipère.

- Décale-toi ! Elle n'est pas là. Il y a vraiment de la vipère péliade sur ce site.

- C'est vrai que c'est assez étonnant de voir un carré vert comme ça, entouré de bâtiments.Et ce terrain, du coup, on ne peut pas construire dessus, on ne peut pas l'aménager ?

- C’est ça, ce site-là va vraiment avoir vocation de préserver la biodiversité. Il n'y aura pas de constructions dessus parce qu'il y a vraiment une grande richesse. Tiens, regarde justement là sur les affleurements, on voit des petits orpins. Ce sont des espèces qui sont très sensibles à la lumière.

- Donc dès que c'est trop haut, c'est gênant.

- C'est ça, ils n'aiment pas la compétition. Donc là, sur un site comme ça, on va proposer des actions de restauration en enlevant les ajoncs et en enlevant la végétation qui rentre en concurrence avec ces espèces végétales.

- Et toi dans tout ça, quel est ton rôle ?

- Mon rôle au Conservatoire d’Espaces Naturels, c'est de faire vivre le projet, d'apporter une connaissance sur ces milieux qui sont plutôt méconnus. C'est de sensibiliser et d'informer.

- Et donc je suppose que tout ne se fait pas en une fois. Il y a différentes phases dans ce projet. Est-ce que tu peux m'en dire un peu plus ?

- Au début, on a cartographié tous les sites d’affleurements, on en a trouvé 260. On s'est basé sur des données historiques de Bretagne vivante. Ils nous ont permis de référencer quatorze espèces patrimoniales. Et ensuite, on propose des actions de restauration.

- Très bien, mais alors, comment est né tout ça ? Quel était le début de cette initiative ?

- Pour ça, je vais te laisser plutôt aller discuter avec Christelle Chassé qui est élue et Vice-Présidente de Cap Atlantique. Elle pourra t'en dire plus.

- Merci beaucoup, j'y vais tout de suite. Bonjour madame Chassé.

- Bonjour.

- C'est pas tout à côté. Alors dites-moi où nous sommes et pourquoi vous m'avez donné rendez-vous ici ?

- Nous sommes sur le territoire de Cap Atlantique et plus précisément à Saint-Lyphard au rocher du Rohain et nous sommes sur un site exceptionnel avec de nombreux affleurements rocheux et sur ces sites d’affleurements rocheux on a des enjeux forts de faune, de flore à caractère patrimonial qu'il faut absolument préserver, protéger.

- Comment vous avez financé ce projet ?

- Alors ce projet s'est fait en partenariat avec le CEN (Conservatoire d'espaces naturels) dans le cadre d'un contrat nature qui regroupe un ensemble d'actions financées par la Région Pays de la Loire, l'Union européenne, l'État, la DREAL et puis Cap Atlantique.

- Et quels sont les obstacles que vous avez dû surmonter ?

- Alors je vois deux freins essentiels. C’est pas toujours évident de travailler avec ces propriétaires privés qui n'ont pas saisi tous les enjeux de biodiversité qu'on a dans ce milieu naturel. Puis un deuxième frein, c'est l'habitant. Parce que lui, dans un premier temps, il voit un rocher. Et il est important de communiquer, de sensibiliser sur les enjeux qu'on a en termes de biodiversité.

- Un mot pour convaincre vos pairs de s'engager ?

- Alors, ça représente un fauchage l'année. Couper les joncs qui ont repoussé. Une journée de travail pour les communes. Donc un engagement très simple. Je crois que c'est avant tout une question de conviction. Et puis je dirais qu'il y a urgence à agir aujourd'hui.

- En tout cas vous m'avez convaincue. Et vous, qu'attendez-vous pour vous engager ?

 

Les autres vidéos du programme présentent des projets variés de préservation ou restauration de la biodiversité par des collectivités reconnues "Territoires engagés pour la nature" : 

 

Territoires engagés pour la nature en chiffres :

750

DescriptionTerritoires engagés pour la nature depuis son lancement, dont 150 intercommunalités

90%

Descriptiondes collectivités renouvellent leur engagement au bout de 3 ans

 

Dans le cadre de la Stratégie nationale biodiversité, il est prévu, d'ici 2030, de déployer le dispositif TEN auprès de 5 000 collectivités et 500 intercommunalités

Entretien avec Mathilde Maïsano, chargée de mission à l'Office français de la biodiversité

Comment se déploie concrètement le programme Territoires engagés pour la nature ?

"Le programme Territoires engagés pour la nature existe depuis 2019. Il est porté conjointement par Régions de France et l'Etat. Si le programme est national, son "entrée" s'effectue à l'échelle régionale via les Agences régionales de la biodiversité (ARB). La région constitue en effet l'échelle la plus pertinente pour se rapprocher effectivement des territoires. Les ARB animent le programme avec un animateur dédié, elles analysent et sélectionnent les candidatures et surtout suivent les projets au long cours car le programme se déroule sur 3 ans ! Les animateurs "Territoires engagés pour la nature" dans les ARB ont un profil d'ingénieur écologue. Leur but est de faire monter en compétences les collectivités, pour cela ils proposent des webinaires, des ressources en fonction des projets, ils récupèrent aussi les informations nécessaires pour aiguiller vers les fonds adaptés. Ils proposent également des rencontres individuelles et collectives pour s'inspirer les uns des autres et bien évidemment valoriser les projets."

Quels sont les bénéfices pour une commune de s'engager dans le programme ?

"La reconnaissance "Territoires engagés pour la nature" donne du poids ! Cela permet de légitimer la stratégie d'une commune et de la voir se décliner de façon très opérationnelle. La valorisation via le programme est très importante : cette visibilité renforce cette démarche de progrès et de nature dans laquelle le territoire s'engage. C'est aussi un point positif pour les financeurs possibles. Cela permet d'engager un vrai projet de territoire avec le maximum d'acteurs réunis mais aussi de communiquer auprès de ses administrés."

« TexteLa reconnaissance "Territoires engagés pour la nature" donne du poids ! Cette visibilité renforce cette démarche de progrès et de nature dans laquelle le territoire s'engage. C'est aussi un point positif pour les financeurs possibles. »

AuteurMathilde Maïsano

  • FonctionChargée de mission « Territoires Engagés pour la Nature» à l'Office français de la biodiversité
Image Portrait Mathilde Maïsano

 

Le programme est-il prédestiné à des territoires en particulier ?

"Le programme est vraiment ouvert à tous les territoires. Nous n'avons aucun pré-requis : le programme accueille des villages et des intercommunalités. Notre seule demande : que la collectivité soit dans une démarche sincère et prête à mettre en place des actions mesurables. C'est une démarche volontaire et de progrès ! Bien évidemment les actions sont proportionnés à hauteur des moyens. Le programme a été créé pour montrer des exemples concrets et inspirants."

Que se passe t-il à la fin du programme ?

"Nous préparons un bilan sur les actions menées, les financements. Le principal est d'avoir engagé les actions car il est souvent difficile de les terminer en 3 ans - la nature ne fonctionne pas en 3 ans seulement. Le programme peut être renouvelé : à ce jour nous sommes à 750 TEN cumulés. Il faut aussi savoir que le programme n'est pas exclusif : une commune peut aussi être dans le programme "Petites villes de demain" ou "Action coeur de ville". Le programme TEN permet surtout d'intégrer la biodiversité aux projets de territoire et de mettre en réseau les acteurs, les associations et autres structures."

Mesure Stratégie nationale biodiversité 2030