Sylvain Giguet / Terra

Les écosystèmes agricoles


En France métropolitaine, les écosystèmes agricoles couvrent environ 54 % du territoire. Il s’agit de l’ensemble des parcelles cultivées ou en herbe exploitées majoritairement pour l’agriculture.

D’un point de vue fonctionnel, les écosystèmes agricoles incluent l’ensemble « sol-plante » de la parcelle agricole, les êtres vivants qui y circulent (animaux d’élevage comme sauvages) et les éléments semi-naturels (haies, arbres isolés, mares, bords de parcelle, etc.). Depuis les années 1970, les écosystèmes agricoles ont été les témoins des effets de la politique agricole commune, en particulier la concentration des exploitations, la spécialisation des territoires autour d'un nombre limité de productions et la simplification des rotations culturales.

Répartition des écosystèmes agricoles en France métropolitaine

62 % de terres arables

34 % de surfaces en herbe

4 % de cultures pérennes

(vignes et vergers)

Quels sont les services rendus par les écosystèmes agricoles ?

Lieux de la production de la plupart des biens destinés à l’alimentation humaine, les écosystèmes agricoles abritent une riche biodiversité, animale et végétale, sauvage et domestique. Cette dernière constitue le support de biens et services qui bénéficient à l’ensemble de la société française, mais aussi un patrimoine remarquable.

Au niveau économique

La diversité des espèces associée aux écosystèmes agricoles participe activement à la régulation des conditions de culture. Les micro-organismes et les animaux vivant dans les sols contribuent à la structuration de ces derniers et à la fourniture d'éléments nutritifs aux plantes cultivées. Ils influent aussi sur la capacité des sols à stocker l'eau et à la restituer aux végétaux. Par ailleurs, les insectes et les oiseaux qui vivent dans les parcelles cultivées régulent les populations de ravageurs. Les insectes pollinisateurs, quant à eux, sont indispensables à certaines cultures (fruitiers, légumes, oléagineux…).

En matière de régulation et de protection contre les aléas

Certaines composantes des écosystèmes agricoles, comme les espaces enherbés, contribuent à la régulation de la qualité de l’eau, utilisable ensuite pour des usages variés. D'autres jouent un rôle significatif dans la régulation des crues et de l'érosion des sols en freinant les écoulements – c'est le cas des haies – ou en favorisant l'infiltration, à l'instar du couvert végétal hivernal.

En matière de loisirs, culture et patrimoine

Les écosystèmes agricoles peuvent constituer des paysages plaisants et attrayants pour des activités récréatives de plein air, comme la randonnée ou l'agritourisme. Certains paysages agricoles – vignes, vergers… - ont également une dimension patrimoniale importante et font l'objet d'un fort attachement de la part des Français.

Quel est leur état écologique ?

  • L'évolution des pratiques culturales a des impacts négatifs sur la diversité des espèces des écosystèmes agricoles. L'usage de produits phytosanitaires conjugué à la réduction des surfaces de prairies, des milieux humides, des haies et des alignements d'arbres ont de lourdes conséquences sur la faune, en particulier dans les zones de grandes cultures. Les populations d'oiseaux, d'insectes et de chauves-souris sont particulièrement touchées.
  • Les sols s'appauvrissent : la teneur moyenne en carbone organique des sols des parcelles cultivées et leur activité biologique (bactéries, microfaune et lombrics) ont diminué dans plusieurs régions.
  • Les impacts négatifs des intrants de synthèse tendent par ailleurs à s'étendre au-delà des écosystèmes agricoles.
  • Certains effets du changement climatique sont déjà perceptibles : floraisons précoces pour les arbres fruitiers, avancement des dates de récoltes, longues périodes de sécheresse plus fréquentes…
  • Parallèlement, la combinaison de plusieurs événements climatiques, même s'ils n'apparaissent pas exceptionnels, peuvent avoir des conséquences très importantes sur le rendement des cultures, comme cela a déjà été le cas en 2016 marqué par un hiver doux suivi d'un printemps pluvieux.

La présente évaluation a été conduite dans le cadre du programme Efese par une équipe pilotée par la délégation à l'expertise scientifique collective, à la prospective et aux études de l'Institut national de recherche agronomique (INRA).

50 %

de la production agricole végétale totale serait imputable à des services rendus par les écosystèmes agricoles

Diminution de 30 %

de l'indice d'abondance des oiseaux vivant dans les écosystèmes agricoles en 30 ans